"C’est arrivé chez moi, dans ma ville, dans mon quartier…"

Des élèves rouennais témoignent de leur travail autour des pavés de mémoire

Valéry Zouari

9/24/20233 min read

Pendant l’année scolaire 2022-2023, en cours d’histoire au collège Fontenelle, j’ai fait travailler de nouvelles classes de Troisième, la 3e4 et la 3e8, sur les pavés de mémoire. Les élèves ont étudié des sources locales sur la persécution et l’arrestation des Juifs rouennais et sur l’histoire des familles victimes de la Shoah dont la mémoire est honorée par des ‘Stolpersteine’. Voici des extraits de leurs réponses à un questionnaire de bilan :

"Étudier les pavés de mémoire a été une expérience très enrichissante. Elle nous a permis d’une part d’introduire la leçon sur la Seconde Guerre mondiale, mais aussi de savoir ce que les familles subissaient à cette époque-là. Je pense que c’est un bon moyen de leur rendre hommage." (Alice)

"Je connaissais déjà la Seconde Guerre mondiale et les horreurs qu’elle a provoquées, mais je ne me rendais pas compte que c’était arrivé chez moi, dans ma ville, dans mon quartier et même dans ma rue. Aujourd’hui, après avoir travaillé sur les pavés de mémoire, quand je me balade dans la rue, je regarde par terre pour les chercher et m’imagine les horreurs qui se sont passées ici. J’ai ressenti beaucoup de peine et d’empathie pour les familles étudiées. Je me suis dit que c’étaient des familles innocentes qui ne méritaient pas cela. Ça aurait pu être n’importe qui. Moi, ma famille, mes amis." (Abigail)

"Ce projet est très intéressant car il permet de mieux s’identifier aux familles victimes en leur rendant hommage. " (Alice)

"Maintenant, je remarque plus les pavés qu’avant. Le projet aide au travail de mémoire et fait le lien entre l’histoire collective et individuelle ." (Armand)

"Quand je me promenais je ne les voyais même pas, alors qu’aujourd’hui j’y fais attention car je connais l’histoire derrière ces pavés de mémoire. Ces projets m’inspirent de l’espoir car ça fait ‘renaître’ des familles oubliées et nous permet de ne pas oublier les horreurs de la guerre et nous pousse à maintenir la paix. J’ai ressenti beaucoup de tristesse en étudiant ces familles décimées, car des fratries entières ont été décimées et séparées." (Esther)

"Travailler sur des sources locales a été une expérience enrichissante car cela m’a permis de mieux comprendre les violences et les horreurs des rafles de Juifs. J’ai ressenti une envie de rendre hommage aux familles étudiées." (Nils)

"Ce genre de projet m’inspire de l’espoir et de l’humanisme." (Lyâm)

"On rend hommage à des gens et on ne les oubliera pas, eux et leur histoire." (Léna)

"Les familles qu’on a étudiées avaient parfois la même vie que nous, les lieux où on va maintenant sont les mêmes, grâce à ça on s’attache à eux." (Théo)

"Je trouve ça vraiment intéressant de se rendre compte que dans nos quartiers, voire dans nos maisons ont habité des victimes et des déportés. Cela rend plus concrets les cours et permet de faire un lien entre notre vie quotidienne et les cours d’histoire. De plus, le format des pavés permet de tomber dessus par hasard, et ils nous frappent par leur présence dans la plupart des quartiers et lieux de vie." (Salomé)

"En tant qu’adolescente, j’ai été très touchée de voir ces cas de jeunes ayant presque mon âge qui ont vécu toutes ces horreurs." (Ambre)

"Avant d’étudier les Stolpersteine, je ne savais pas quelle histoire ils renfermaient. Ce genre de projet dans les villes est très important, c’est un travail de mémoire qui est primordial. Les pavés de mémoire servent à ce que l’horreur du génocide juif ne se reproduise pas." (Eliott et Louise)

"Je n’avais jamais imaginé l’horreur qui se cachait derrière ces pavés. Ce genre de projet est important car la descendance de ces familles qui ont été tuées peut se recueillir sur les pavés de mémoire puisque ces familles mortes dans les camps n’ont pas de tombe." (Justin)

"Travailler sur des ressources locales m’a permis de visualiser plus facilement certains événements historiques mais aussi de me sentir plus concernée car j’ai compris que cela n’arrivait pas uniquement au pays ou à la ville d’à côté. L’histoire de ces familles fait partie de la nôtre." (May)

"Travailler sur ces pavés de mémoire nous a permis de nous identifier aux familles, de mieux comprendre les atrocités de cette époque. Désormais, lors de mes passages en ville, j’ai toujours une pensée pour ces familles à chaque pavé." (Solen)